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Mon parcours professionnel
#np Moodswings in this order - DPR IAN (EP album)
Hello le monde !
Si vous me lisez depuis un moment vous devez savoir que j'ai travaillé un moment dans les bibliothèques. "Un moment"...
Mais je ne vais pas vraiment parler de ce sujet qui me fait toujours sortir hors de moi. Je vais plus vous parler de mon rapport avec le monde du travail. Je suis une personne très réservée et qui se prend facilement la tête. La moindre critique me détruit n'ayant aucune confiance en moi. Alors avoir affaire avec des personnes susceptibles de te juger, c'est à chaque fois un parcours du combattant. En 12ans, j'ai appris quelques trucs, je n'ai toujours pas confiance en moi mais j'ai quand même réussi à m'ouvrir, à oser admettre quand je ne sais pas.
Les débuts
J'ai commencé à travaillé à l'âge de 18 ans. J'étais jeune mais je savais que je voulais travailler dans les médiathèques. Je suis rentrée dans le milieu par piston, merci Tonton. Je ne l'ai jamais avoué, d'une part car c'est mal vu ce qui est normal mais en plus mon oncle n'est pas vraiment apprécié... Mon unique fierté c'est l'entretien que j'ai passé pour travailler dans les musées. Ils ne me connaissaient pas et je ne ressemble absolument pas à mon oncle, de ce fait ils ne savaient pas qui j'étais quand ils m'ont retenue.
Mon premier vrai entretien c'était pour un poste en librairie. Mais à l'époque je ne voulais absolument pas en entendre parler, surtout que ça aurait juste pour être à la caisse, n'ayant pas encore mon diplôme en poche. Comme pour la médiathèque mon oncle m'a propulsée dans la plus grande librairie de la ville... Son directeur en impose autant que l'établissement. Il y avait juste lui en face de moi mais j'avais l'impression d'être minuscule. La fenêtre grande ouverte derrière lui me laissait entrevoir un échappatoire...
A 18 ans j'ai découvert le monde des vacations. Une sorte d'intérim pour la fonction publique. Légale ? Pas sûre. Si dans les musées notre rôle se résume à la surveillance, en médiathèque en plus de ranger les livres et de renseigner les lecteurs, nous pouvions nous occuper des inscriptions voire du catalogage ce qui normalement ne devraient pas être le cas. Un vacataire est payé au SMIC horaire, on peut être appelé le jour même et on m'a déjà demandé de rentrer chez moi plus tôt. Le pire c'était quand notre cheffe nous a dit de choisir entre nous 3 laquelle devait partir en première...
Ces 6 années m'ont beaucoup apportée. Si au début j'osais à peine parler aux autres. J'ai réussi à me faire des amis et à faire ma place parmi mes collègues. En effet en médiathèque si tu n'aimes pas travailler en équipe, ça craint. Déjà entre vacataires on a besoin de se serrer les coudes. Un samedi aprèm' pendant le coup de feu, s'il faut repasser derrière les personnes c'est horrible. En y repensant quand nous devions nous occuper des retours pendant ces moments, nous en étions en mode urgence. Dès que le téléphone sonnait nous étions en alerte. Il fallait être rapide et efficace, pendant que certaines s'occupaient encore de ranger le bac précédent d'autres foncer vers le suivant. Cette adrénaline que tu as sur le moment... Il y avait rien de vital, vous pouvez penser que c'était que des livres, mais dès que tu travailles avec du public une certaine pression s'installe.
Les gens... cette première expérience m'a aussi confrontée au public. Il y a vraiment de tout dans ce monde. Mais bizarrement quand je suis en mode travail je parle à qui je veux. Les premières fois je bafouillais, je ne connaissais pas bien la médiathèque, je comptais beaucoup sur les autres. Le pire c'était quand je devais être devant l'ordinateur. Quand tu fais que ranger tu peux te cacher dans les rayonnages mais une fois que tu es à "l'accueil" tu ne peux plus échapper au public... Le téléphone reste encore une angoisse pour moi... Déjà en privé j'aime pas ça... mais alors quand je me mets la pression au travail...
Ce que je retiens de cette période, ce sont les souvenirs que j'ai créé avec mes amis vacataires, ces personnes qui étaient dans la même galère que moi et qui m'ont permit de m'ouvrir. Première fois que je me sentais à ma place, et que je gagnais un peu confiance en moi.
Les CDD
Ayant fait mes preuves et fini mes études, j'ai pu obtenir mon premier CDD (merci à ma première cheffe qui ne m'a même pas fait passer d'entretien). On peut dire qu'on m'a lâchée sur mon poste. J'étais à 50%, j'ai eu une journée de formation et au bout d'une semaine j'étais la seule sur le poste d'adjoint dans mon équipe. Heureusement que des collègues d'autres secteurs m'ont pris sous leurs ailes. Mais je n'étais pas encore entièrement sortie de ma coquille... Les voir de temps en temps c'était une chose passer des heures avec des personnes que je connaissais pas vraiment... Surtout que j'étais la plus jeune. C'était un vrai soulagement quand mon amie est arrivée, puis d'autres anciens vacataires ont suivi. Notre groupe a pu créer d'autres souvenirs.
Avec les CDD j'ai eu la joie de découvrir les congés payés ! Je vous dis ça change la vie ! Avoir un vrai salaire qui tombe chaque mois ça soulage. Mais il y avait aussi les angoisses de savoir si on allait être renouvelé ou non. Est-ce qu'on allait en trouver un autre tout de suite après ? Est-ce que je dois chercher autre chose ? Combien de temps je vais continuer comme ça ?
Néanmoins niveau expérience c'était le mieux. En 5 ans j'ai beaucoup appris. Plus les années avançaient plus j'avais de responsabilités. La dernière année j'étais responsable du secteur jeunesse. Si j'ai vécu de très bon moments comme les médiathèques hors les murs et quand j'ai dansé sur baby shark avec ma collègue de 58 ans, c'était aussi ma pire année moralement. J'ai appris ce qu'il fallait savoir sur le poste quasiment en une journée et même si mes collègues étaient adorables, je ne m'en sortais pas. Je mettais la barre tellement haut que j'ai perdu pied. A cela c'est ajouté le concours que je n'ai pas obtenu. Première fois que j'ai autant pleuré dans une médiathèque. Puis je savais que ça allait être la dernière... Dans ma ville on peut cumuler que 4 ans de CDD, si t'as pas le concours c'est bye bye, oui même après 10 ans dans le milieu.
Pendant cette période j'ai commencé à passer des vrais entretiens. Sachant que j'avais royalement rater un pour un CDD dans la médiathèque où j'avais déjà travaillé 5 ans. Dans la fonction publique, le jury est composé de 3 à 4 (voire plus) personnes. Il y a le directeur de l'établissement, le RH et un représentant de la municipalité. Je ne suis nulle à cette exercice. En 7 ans je n'ai jamais été retenue, même pas pour le 2ème tour. Mes CDD je les ai obtenus par des supérieurs qui me connaissaient et dont je n'avais pas besoin de faire mes preuves. Quand j'ai changé de médiathèque j'ai juste eu un entretien avec la directrice pour savoir si ça collait. Parler à des inconnus n'est pas le problème avec le temps j'ai réussi à passer cette barrière. C'est le fait de me sentir jugée. J'ai toutes les qualités, j'ai l'expérience, les diplômes mais je n'ai pas l'assurance. Ou quand je l'ai c'est dans l'excès ou je vais la mauvaise direction (une fois j'ai parlé que de sujets dans lesquels j'étais à l'aise SF Fantasy alors que c'était pas du tout ce qu'il recherchait). On m'a donné des conseils, et je suis passée devant mon oncle qui est le genre a ne pas mâcher ses mots.
Et maintenant ?
Il y a eu une évolution : j'ai réussi deux entretiens ! Est-ce que c'était dans les médiathèques bien sûr que non ! J'avais aussi été retenue pour le second tour dans de l'administration. Je pensais l'avoir échoué, avec ma voix tremblante et mon manque d'expérience. Mais ça m'a donné un peu confiance en moi. Enfin, j'étais reconnue parmi de nombreux candidats.
L'année dernière découvrir le métier de libraire m'a ouvert les yeux. Et si finalement, je pouvais faire autre chose que travailler dans les médiathèques. Puis j'ai obtenu un sorte de contrat d'intérim en tant qu'agent d'accueil. Cela m'a également fait découvrir d'autres choses. Si en général il n'y avait pas grand chose à faire, dans certains endroits il fallait répondre au téléphone... Ma hantise... Lors d'une journée de formation la titulaire m'a inondée d'informations... Mais ce n'était pas le pire travail. J'ai dû être standardiste d'une entreprise nationale pendant 7 jours. J'ai cru mourir. Cette angoisse que j'avais dès que le téléphone sonnait. Le nombre de fois que je ne savais pas répondre aux clients... Je comptais les heures, je faisais durer l'appel plus longtemps quand je voyais qu'il y en avait plusieurs qui attendait. Je pensais que tout le monde me trouvait incompétente, que j'allais me faire virer. Les "collègues" n'étaient pas d'une grande utilité, ne connaissant pas le fonctionnement de l'entreprise dans sa globalité... C'est un poste qui aurait mérité au moins une semaine de formation, pas juste une journée avec le matin la théorie et l'aprèm la mise en pratique. La plupart du temps je comprenais pas les gens, et je n'arrivais pas à me faire comprendre. Le premier appel j'ai paniqué. Celle qui me formait m'a dit "il faut rassurer le client", je lui ai répondu "j'aimerais d'abord ME rassurer". J'en étais tellement malade que je n'avais plus d'appétit, alors même que je prenais le repas avec mon père. Quand je suis partie des gens sont venus me dire au revoir, j'avais pu sympathiser avec trois personnes et une que je ne connaissais même pas vraiment m'a souhaité bonne continuation... Je suis partie le coeur léger, j'ai survécu.
J'aimerais dire qu'après ça je suis devenue plus forte mais en fait non. Même les clients difficiles, et le coup de feu à Noël à la librairie n'ont rien changé. Je me suis même mise la pression quand je devais distribuer des bons pour une nouvelle boutique. Je ne suis pas douée pour attirer des gens, du coup le proprio m'a mis à l'entrée pour accueillir les clients. On va dire que c'était parce que je présentais bien et j'avais plutôt un bon rapport avec les gens malgré que je ne connaisse pas le magasin haha.
Il y a une semaine j'ai appris que j'ai appris que j'étais retenue pour un CDI à temps partiel dans une librairie assez grande. Deux jours après j'ai début ma semaine d'immersion (non rémunérée haha) et là j'aurais dû commencer mon mois de formation mais avec Pole Emploi bien sûr que ça prend plus de temps -_-. Je peux vous dire que je suis soulagée. Puis cette année j'ai vraiment fait le deuil de mes années en médiathèque. C'est toujours douloureux et ça m'énerve toujours. Mais ok, je ne suis pas obligée d'y retourner. Fuck à ce système qui n'a pas voulu de moi. Cette fois-ci mon expérience a été reconnu avant mes diplômes. Et en librairie il n'y a pas besoin de concours. Ca a été dur, et encore aujourd'hui j'en ai les larmes aux yeux, dire "adieu" à un rêve, à une grande partie de ta vie, ce n'est jamais simple. Au moins je reste dans le milieu du livre, même si c'est toujours avec mes doutes, mon manque de confiance en moi... La patron m'a dit que je n'étais pas assez dynamique, trop réservée. Le problème avec moi c'est que mon temps d'adaptation est long et que je ne vais pas poser plus de questions que nécessaire pour par surcharger ma pauvre mémoire. Dans mon esprit il faut que je sois efficace, c'est à dire que je maîtrise les tâches de bases puis je m'intéresse à ce qui m'entoure. Allez vers le client alors que je ne serais pas répondre à sa demande, non merci. Alors oui je comprends que ça donne l'impression que je ne m'intéresse pas à l'établissement mais voilà... Cette remarque a balayé toute l'assurance (il y en avait déjà pas beaucoup) que j'avais. Je débute, j'ai le droit de pas savoir, de faire des erreurs. Quand j'ai débuté je n'osais même pas parler à mes collègues, là depuis que j'ai travaillé en tant qu'agent d'accueil je n'ai pas eu le moindre problème. Je ne suis pas restée dans mon coin à attendre que le temps passe. J'ose espérer que ça ira mieux, et que le fait de prendre du fer pour ne plus être anémique va marcher haha.
En conclusion
Plusieurs années sont passées, j'ai réussi à ne plus avoir peur de demander de l'aide et à affronter des situations difficiles. J'ai évolué, mais il y a encore du chemin à faire. Tant que je n'aurais pas suffisamment confiance en moi, tant que je mettrais la barre trop haut, tant je me rends malade sous la pression que je m'inflige moi-même, ça sera compliqué. Je ne peux pas dire que j'arrive à vivre, mais j'ai aussi compris que tout passe, la tristesse, le stress, la pression. Il faut serrer les dents et ne pas attendre de récompense, juste du soulagement...
Bon je vais retourner à mes livres ! Tchuss le monde !
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