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    Une amie qui veut adopter a été chamboulée par ce livre. Elle m'a demandé de le lire afin d'avoir mon avis étant moi-même adoptée.

    C'est l'ouvrage le plus psychologique que j'ai jamais lu. Il est cependant accessible à tous, il n'y a pas de jargon c'est pas scientifique c'est fait à partir de plusieurs témoignages dont celui de l'auteur qui a adopté. Il ne faut pas oublier qu'elle est américaine donc l'adoption ne se passe pas forcément de la même façon et ça date des années 90.

    Je dois avouer que je l'ai commencé en étant très dubitative et je le suis toujours. Je vis très bien mon adoption et mes problèmes je pense que c'est plus dû à ma personnalité qu'à cette blessure primitive (j'y reviendrai). Cependant ce livre m'a fait réfléchir et je suis parfois d'accord mais parfois je trouve que ça va trop loin. 

    Je vais vous donner mon avis en tant qu'adoptée mais je tiens à souligner, et il ne faut surtout pas l'oublier, chaque adoption est unique, aucun enfant ne va réagir de la même façon, des adoptions se passent sans soucis d'autres avec plus de difficultés.

    Pour aborder ce livre je vais revenir sur 3 différents points évoqués par l'auteur.

     

    La blessure

    Alors qu'est-ce que cette blessure ? Pour l'auteur les enfants ont conscience d'avoir été abandonné, peu importe l'âge. De ce fait un sentiment d'abandon sera toujours présent en lui et entraînera des rejets, des incompréhensions envers sa nouvelle famille ainsi que la peur d'une autre perte. Le rejet serait une défense contre une nouvelle perte. Elle évoque de nombreux problèmes dépression fugue, vol, anxiété lié à un deuil non résolu. 

    J'ai dû mal à me retrouver là dedans car ma famille m'a enlevée en utilisant le mot "confiée" à la place d'abandonnée. J'y tiens beaucoup. A l'époque j'étais très malade mes parents biologiques n'avaient pas les moyens de s'occuper de moi. Ça m' a aidé à accepter l'adoption je suppose... Parmi les autres mes connaissances adoptées deux qui ont eu ce genre de problèmes mais il y a aussi le contexte qui entre en jeu, entre divorce, nouvel enfant et perte de la mère adoptive... C'est pour que ça que je pense que cette blessure peut être gérée de différente façon. Si ça se trouve je l'ai mais j'en ai pas conscience. 

     

    La nouvelle famille

    L'auteur pense que l'amour de la famille adoptive n'est pas suffisant, il faut qu'elle comprenne que l'enfant a en lui une blessure. Il faut en parler avec lui et faire plus attention. Pour elle la mère ne sera jamais LA mère, il ne faut pas chercher à la remplacer. Il faudrait même dire à l'enfant "je sais qu'elle te manque" quand il pleure... Le dialogue est vraiment important, il faut parler de l'adoption avec l'enfant le plus tôt possible. Pour se défendre contre une perte certains enfants peuvent rejeter leur nouvelle famille. L'auteur préconise de chercher les contact le physique avec l'enfant avec des câlins ou sinon des massages à l'aide d'un professionnel. 

    Alors pour moi ma mère c'est ma mère, avec mon père c'est la personne que j'aime le plus au monde. Je suis très proche de ma mère voir trop. J'ai vécu 11 ans à l'étranger loin du reste de ma famille du coup on a vécu beaucoup de choses juste nous trois. Nous sommes très câlins comme vous pouvez l'imaginer. Mes parents m'ont parlé très tôt de l'adoption, c'est presque devenu une histoire qu'on raconte le soir avant de se coucher. Je pense que ça m'a aidé à en parler aussi facilement. 

    Il y a pas longtemps j'ai vu un compte twitter avec pour description "Blanche à l'intérieur, jaune à l'extérieur", c'est exactement ce que je ressens. Même si mes parents m'ont toujours parlé de mon pays d'origine je me sens française et parfois j'oublie que je ne ressemble pas à mes parents. Petite anecdote, une fois j'ai dû chercher quelque chose à la place de ma mère dans une boutique. Je me présente comme étant sa fille et la femme me demande quasiment une pièce d'identité en disant "vous ne lui ressemblez pas". Cela m'est arrivé qu'une seule fois fort heureusement. Ils nous arrivent de jouer avec nos différences, ça nous amuse de voir les gens interloqués ou ma mère adore dire "comme sa mère" quand une personne fait un compliment sur mon physique.

    Un témoignage que j'ai entendu m'a interpellée. Une fille adoptée a vécu toute sa jeunesse en se pensant bretonne de ce fait elle a pas conscience de sa différence. Ce n'est que quand elle est devenue mère qu'elle a vu que son enfant ne ressemblait pas à un breton. Elle a donc eu le besoin presque vital d'en savoir plus sur ses origines. Pour ma part mes parents m'ont parlé très tôt de mon pays. A l'âge de 7 ans ils m'ont emmenée le voir. C'était assez spécial car les gens me ressemblaient mais je n'étais pas comme eux... Je me souviens des regards envieux de fillettes, et d'un moment où le guide pensait que j'étais la fille du chauffeur. Ce n'était pas un retour aux sources je ne me suis pas sentie chez moi, en plus je me suis faite courser par des lamas ! Mais ça reste une expérience importante. Grâce à mes parents je suis fière de mes deux pays. Sérieux comment ne pas être fier du Pérou ;)

     

    Les retrouvailles pour la guérison

    Nancy pense que le seul véritable moyen de guérir de cette blessure est de rencontrer sa mère biologique. Elle aborde ici un sujet complexe pour tout enfant adopté. Personnellement c'est un sujet que je préfère éviter d'aborder d'abord de peur de blesser ma mère et parce que ça pose trop de questions. Comment ça va se passer ? est-ce que c'est vraiment nécessaire ? et après ? Ça elle l'a bien cerné, car pour elle c'est une preuve de courage car elle a bien conscience de toutes les difficultés que ça entraîne. Par exemple la position de la mère adoptive. Parmi mes connaissances deux personnes ont cherché leurs parents biologiques sans succès. J'avais rencontré au lycée un garçon qui m'a clairement dit qu'il n'en ressentait pas le besoin. A l'époque je me posais encore des questions sur ce sujet. Beaucoup de choses se sont passés et quand j'y ai repensé c'était pour venir à la même conclusion que lui. J'ai très bien vécu sans alors pourquoi ne pas continuer ? Cette décision a failli être chamboulée par une connaissance qui a été adoptée en même temps que moi. Son adoption a été moins facile que la mienne surtout après l'arrivée de son frère lui aussi adopté et le divorce de ses parents. S m'a envoyé un message disant qu'elle avait rencontré ses parents. A l'époque je voulais pas en entendre parler, ça m'a presque effrayé... L'année dernière elle est revenue à la charge en disant qu'elle avait une lettre de mes parents biologiques. Ces derniers l'auraient donné au sien... Elle me proposa de me l'envoyer... je l'attends toujours... Dans ma famille notre diction "si ça doit pas se faire ça se fait pas". De ce fait je ne vais pas lui gratter au cul, déjà que je trouve ça assez bizarre. Comme je cache peu de choses à mes parents je leur en ai parlé. Ma mère l'a très mal pris dans le sens que S n'aurait pas dû m'imposer son vécu, elle aurait dû me laisser le choix. En vrai elle l'a fait en quelque sorte... Je pense que cette histoire n'aura jamais de suite... En tout cas ça a encore plus renforcé le fait je ne ressens pas besoin de les rencontrer.

     

    Pour conclure,

    c'est un avis plutôt biasé que je vous propose. Je pense que cette blessure existe mais on peut la gérer de différente façon voir la mettre complètement de côté. Pour moi le plus important c'est le dialogue, que l'enfant ait connaissance le plutôt possible de sa différence, il a besoin de savoir qu'il peut compter sur ses parents, sans que ces derniers renient son pays d'origine. 

    L'adoption est une chose merveilleuse car c'est la création d'une nouvelle famille. Ce n'est pas qu'amour c'est compliqué on va pas se mentir. Mais au final c'est juste une famille avec un petit plus.

     

    N'hésitez pas à me poser des questions ! 

     

    Tchuss le monde !


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